Des blancs de caractère

Le rhum est question de goût, personne n’en doute. Ceci dit, il serait dommage de ne pas s’adonner à quelques réflexions sur les catégories, puisque le débat fait rage dans les cercles initiés d’ici et d’ailleurs.

Comment orienter le novice ? Blanc, élévé sous bois, VSOP, XO très vieux etc… Autant d’indications qui ne parlent que peu de terre et  de cannes.

Et pourtant la Rumantics que je suis, reste convaincue qu’aux racines du goût du rhum se trouve la terre et la canne. Est-ce vrai en toutes circonstances ? Oui ! pour peu que l’on se souvienne que le jus et la mélasse sont à des distances relatives distinctes de la terre.  Et que les anges ne travaillent pas  de la même façon sous toutes les latitudes…  Le lecteur attentif trouvera entre ces lignes un aveu à peine voilé, l’introduction d’un argumentaire que les mots trahissent déjà.

Il me faudra donc le démontrer preuve à l’appui et j’en saisirai l’occasion lors notre prochain Voyage en Terres de Rhum (9 juin 2017).Cette démonstration aurait pu mettre en parallèle six samples, issu de territoires distincts pour permettre à chacun d’enregistrer par ses propres sens les nuances du goût. Pour cette Expérience confidentielle, je fais un autre pari, vous emmener en douceur au cœur de vos sens, en m’appuyant sur deux maisons dont les créations mettent l’accent sur ces mêmes facteurs : terroir et canne.

Petit décollage prévu pour la Martinique puisque c’est là, que nous irons chercher la Terre volcanique du Carbet que cultive la maison Neisson depuis 1931. Elle fait figure d’irréductible dans le paysage industriel et gastronomique de l’île veillant farouchement à son indépendance et à son identité organoleptique. Avec un défi: comment respecter la tradition et innover ?

Par ailleurs c’est sur les flancs de Capesterre Belle-Eau que l’on trouvera la fougue de la canne fraîche, comme un retour aux sources, aux origines de la Guadeloupe. Si le nom Domaine du Marquisat évoque une carte postale aux tons pastels qui résistent aux épreuves du temps. C’est un rhum Longueteau lumineux que nous aurons à découvrir, une goutte après l’autre.

Qu’ont-ils en commun ? Au delà de leur production elle-même confidentielle, l’Esprit Bio de Neisson et le Genesis de Longueteau parviennent à remettre en question tous les discours galvaudés sur les « high proof »  décriant leur trop grande intensité, leur manque de nuances et in fine, leur caractère jugé trop vulgaire ou à l’extrême opposé trop élitiste.

En vérité, je vous le dis ils feront chanter vos papilles !