Deuil et rituels

Mon cousin  s’est marié en grandes pompes quand j’avais une vingtaine d’année. La famille au complet était réunie pour une fête somptueuse. Mon oncle, qui est décédé la semaine dernière est un amateur de bonnes choses. Et il avait réservé une table du bar au rhum. C’était une bouteille de JM, avec une étiquette en cuir je crois, je n’en suis plus sure. Il y avait surtout des tout petits, très jolis verres et très fins.  Et j’en ai été surprise parce que seuls mes oncles et mes cousins s’en servaient.

Je lui en ai demandé aussi, je voulais gouter le rhum avec eux, partager leur silence content, toucher ces verres que je n’avais jamais vu auparavant. Cela a fait les gorges chaudes de la famille m’a dit ma mère, scandalisée. J’ai demandé du rhum!

Mon oncle nous a quittés samedi. J’ai retrouvé les verres dans la vitrine de ma tante. J’ai une étiquette de cuir dans ma collection. Une boucle est bouclée et sans Rumantics, je ne l’aurais pas su. Je n’aurais jamais réalisé le potentiel de ce moment de vie anodin et la façon dont les liens se tissent entre nous. Sans mots, autour d’un verre.

Trois gouttes pour le mort. Aujourd’hui, il repose aux pieds de la veille dame, pelée.